Quelle est la place de la violence dans les sociétés totalitaires ? Les explications du psychanalyste Boris Cyrulnik

  • L’un des deux amphithéâtres bondés, à l’occasion de la conférence de Boris Cyrulnik.
    L’un des deux amphithéâtres bondés, à l’occasion de la conférence de Boris Cyrulnik. L'Indépendant - CHRISTOPHE BARREAU
Publié le , mis à jour
L. O.

L’écrivain, médecin, psychanalyste et neuropsychiatre Boris Cyrulnik, intervenant à l’université de Droit de Narbonne ce mardi 23 avril, a décrit comment ces régimes politiques légitiment la violence et déculpabilisent ceux qui en font usage en leur nom.

À l’heure où le pays se demande comment endiguer la vague d’ultraviolence des jeunes déferlant actuellement sur le territoire hexagonal, d’autres systèmes politiques manifestent moins de problèmes éthiques avec les passages à l’acte… du moment qu’ils servent leurs propres intérêts. C’est ce qu’a décrit Boris Cyrulnik lors de sa conférence, évoquant la mécanique des discours totalitaires. Avec pour point de départ une perception extrêmement large.

A lire aussi : Lors de sa conférence dans l’Aude, Boris Cyrulnik est allé jusqu’aux racines de la violence

"Qu’il provienne de chefs religieux, politiques ou même économiques, ce type de rhétorique s’appuie toujours sur l’existence d’une seule vérité, qu’il suffit d’apprendre et de réviser plutôt que d’apprendre à penser, explique-t-il. Plus besoin de réfléchir par soi-même : il n’y a qu’à réciter les slogans, qui se substituent de fait à la pensée." Boris Cyrulnik évoque une "confortable servitude", appuyant son propos avec le témoignage que lui avait fourni une connaissance qui, enfant, était passée (contrainte et forcée) par les jeunesses hitlériennes. "Et en plus, en agissant de la sorte, on a des promotions, on réussit socialement ; tout l’inverse de ce qui se passe si l’on conteste."

Les auteurs ne vont même plus avoir le sentiment de commettre un crime

Cette logique franchit un nouveau seuil de dangerosité lorsque de tels modèles (on s’éloigne cependant de la sphère économique) vont eux-mêmes justifier une violence extrême. "Je peux faire des tueries de masse, car c’est au nom de la morale, résume Boris Cyrulnik. En s’appuyant sur une logique totalitaire, les auteurs ne vont même plus avoir le sentiment de commettre un crime, car il devient moral de massacrer." En gros, "il devient normal de tuer l’autre s’il ne partage pas notre conception des choses ou notre croyance, car ces dernières correspondent à un discours disant énoncer une vérité, à laquelle on apprend à se soumettre."

Un endoctrinement justifiant la violence, en somme, de laquelle il devient d’autant plus difficile de s’extraire puisque ceux qui l’exercent sont convaincus de mener une action utile à leur société. Le spécialiste cite aussi le cas du Rwanda, pays dont la population a souffert selon lui, à l’image de l’Allemagne nazie, d’une "carence affective" généralisée. Les structures susceptibles de contrebalancer la doctrine en place ayant été balayées (voire phagocytées) par la dureté de propos officiels projetant la population dans une facilité intellectuelle illusoire, et potentiellement meurtrière.

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Les commentaires (1)
Hashtag Il y a 9 jours Le 24/04/2024 à 09:26

Les changements de peuples à travers quelques pans de l'histoire prouvent toujours le recours à la violence. Nous vivons ce changement de peuple et de civilisation et pourtant nous ne sommes pas vraiment dans un régime autoritaire (?).