Saint-Estève joue à se faire peur

C'est un temps maussade. Dehors, le gris s'abat sur le Riberal comme une tristesse. Et dans les crânes des Stéphanoises, les doutes dégringolent comme à la misère. A la fin du premier set, St-Estève est à la rue, bancal, perdu. Sans jeu. Cela fait beaucoup pour une équipe en pleine ascension face au Haillan, un tendre rival qui s'éclaire à la lanterne depuis le début de saison. "Mais il s'est situé là notre problème aujourd'hui (hier), analyse Marc Treillard le coach de Catalanes lancées dans une opération maintien. Pour la première fois de la saison, nous étions dans la peau du favori. Et les filles ont eu du mal à gérer". Résultat un 24-26 et des regrets plein la tête. Et voilà les Girondines toutes surprises. "Notre premier set en 2011", s'amusaient-elles lors du changement de côté.

L'heure était à la révolte. Et même si les Stéphanoises continuaient à balbutier leurs mouvements, déployant parfois un profil aussi sombre que leurs tenues, elles prenaient néanmoins le score dans le deuxième set (8-6). Avant de subir un nouveau trou noir (13-15). Le temps pour Marc Treillard de remobiliser ses filles et voilà qu'elles devenaient enfin autoritaires, à défaut d'être brillantes (22-17). "C'est clair, ce n'est pas le plus beau volley de ces dernières semaines que nous avons proposé. Les filles étaient timorées et fébriles dans tous les gestes", poursuit encore le coach. Et comme un symbole, c'est Manu Cauchi, sortie du banc, qui suspendue dans le ciel offrait la manche sur un puissant "parpaing" (25-18). Les voilà enfin lancées ! Pour preuve, le 11-6 infligé aux Aquitaines à la reprise du troisième set. Le Haillan, jamais aux soins, était néanmoins toujours menaçant (13-12). Avant que Sandra Monié ne sorte enfin son arc et ses flèches de son carquois. A 20-16, les augures semblaient limpides. Mais c'est dans la confusion et une faute de filet contestée par les Girondines que les Roussillonnaises pouvaient enfin lever les poings en l'air (25-22). Le suspense et la souffrance paraissaient n'avoir que trop duré.

Et un 4-0 d'entrée des locales, dans le sillage d'une Sandra Monié impeccable, finissait de plomber les derniers espoirs de succès de rivales qui ployaient progressivement à l'approche du poteau d'arrivée (9-4). Et comme Alia Girounes trouvait également la cible, plus rien n'arrêta le vaisseau amiral du Riberal qui a toutefois longtemps battu pavillon, frêle esquif une heure durant (20-12). Du moins le croyait-on ! Revenues à 23-20, les Girondines ne lâchaient décidément rien. Mais Manu Cauchy, sur une ultime rebuffade, comme en toute fin de deuxième set, offrira le succès aux Stéphanoises qui ne leur permet pas encore de s'extraire du groupe des condamnés (Caudéran avec 20 points aussi devance St-Estève au set avérage). Mais à trois matches du poteau final, tous les espoirs sont permis.