A l'assaut d'un nid de frelons asiatiques

  • Le fameux nid Le fameux nid
    Le fameux nid
Publié le
Correspondant

Le frelon asiatique (vespa velutina), comme tous les frelons, est un tueur d'abeilles. Entré en France en tant que passager clandestin dans des poteries venues de Chine, il a d'abord été aperçu dans le Lot-et-Garonne en 2004. On le retrouve désormais dans les départements situés à l'ouest d'une ligne Marseille-Saint-Malo, soit plus de la moitié des départements de l'hexagone. Comme beaucoup d'insectes ou animaux introduits accidentellement par l'homme, le gros problème est que ces animaux s'adaptent parfaitement dans leur nouveau milieu et se multiplient d'autant plus rapidement qu'ils n'ont généralement pas de prédateurs. Cette prolifération se fait aussi au détriment des espèces locales, et c'est ce qui se passe avec les frelons asiatiques. En effet, si cette espèce n'est pas plus menaçante et dangereuse pour l'homme que le frelon européen, c'est une catastrophe pour nos abeilles.

Les abeilles asiatiques connaissent ce prédateur depuis des millénaires et ont développé toute une technique de destruction face à ce tueur redoutable. Mais nos abeilles ne savent se défendre que face aux frelons européens qui n'ont pas développé la même technique de chasse que leurs cousins asiatiques. Il suffit parfois de quelques heures pour que la ruche soit entièrement détruite ! Les frelons se postent en vol stationnaire devant la ruche pendant qu'un éclaireur y pénètre afin d'affoler les abeilles et de les faire sortir. Les malheureuses ont alors la tête coupée et les attaquants se nourrissent de leur thorax. Ils pénètrent ensuite dans la ruche pour décimer le reste de la colonie.

La destruction du nid qui s'était installé sur Fitou a été effectuée par la société Acrocime Sud de Leucate. C'est à la tombée de la nuit que l'intervention peut se faire, quand tous les frelons ont regagné leurs pénates. Il s'agit d'abord d'obstruer l'entrée du nid, puis de l'asperger avec un insecticide puissant. Il faut ensuite attendre quelques minutes, le temps que cet insecticide neutralise la colonie. Le dard de ces petites bestioles mesure 6 millimètres et aurait vite fait de transpercer les combinaisons des intervenants. Vient ensuite la dépose qui se fait en coupant les branches sur lesquelles le nid est fixé.

Les sapeurs-pompiers de Leucate étaient venus en renfort, ainsi que Jérôme Martin des services techniques de Fitou.  L'inquiétude des apiculteurs n'a d'égale que leur colère face à ce nouveau fléau qui vient frapper leurs abeilles. Il est vraiment temps de s'inquiéter très sérieusement de l'avenir de ces petites butineuses qui maintiennent envers et contre tout le fragile équilibre de la reproduction de la végétation. Doit-on un jour faire comme dans certaines parties de l'Asie, où l'homme ayant laissé ses petites ouvrières disparaître, se voit contraint de déposer le pollen sur les plantes à l'aide d'un pinceau ? "Plus d'abeilles, plus de vie" disent les scientifiques…

Comme il paraît impossible d'éliminer une espèce qui s'est installée dans un pays, il faut espérer que les pouvoirs publics trouveront rapidement une solution pour limiter la prolifération de cette espèce qui devient nuisible hors de son milieu d'origine. Peut-être faut-il aussi compter sur l'extraordinaire capacité qu'ont les animaux de s'adapter et d'apprendre, pour que la vie soit la plus forte. Des rats, auxquels l'homme apprend des comportements spécifiques, sont capables de les transmettre à leurs congénères. Les abeilles asiatiques qui savent, elles, se défendre contre ce prédateur connu, peuvent-elles transmettre leur savoir à leurs cousines européennes ? C'est peut-être de ce côté-là qu'il faut creuser pour trouver une solution…

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?