Harcèlement scolaire : le département de l'Aude détaille ses actions menées dans les collèges

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  • Les collèges sont particulièrement touchés par des cas de harcèlement.
    Les collèges sont particulièrement touchés par des cas de harcèlement. L'Indépendant - Photo d'illustration BOYER Claude
Publié le , mis à jour

Face à la multiplication des cas de harcèlement dans les établissements scolaires, Sébastien Gasparini, vice-président délégué à l’Éducation au conseil départemental, explique les actions menées dans les collèges de l’Aude dont il a la charge. Entretien.

L’adjoint au maire d’Ornaisons ne pratique pas la politique de l’autruche quand on évoque avec lui le harcèlement dans les collèges. Le vice-président du Département qu’il est non plus. Entretien.

Les cas de harcèlement sont détectés sur et par des adolescents ou des enfants de plus en plus jeunes. Autrefois fréquents au lycée, ils semblent plus nombreux aujourd’hui dans les collèges, dont le Département a la charge, voire dans les écoles. Quel est le constat que vous dressez ?

Notre collectivité et tous les Départements en sont conscients, mais il y a aussi les observations de l’Éducation nationale qui révèlent que la strate la plus impactée par le harcèlement, c’est d’une part les collégiens, mais aussi les primaires. Cela commence dès le CE2 et il y a déjà des cas révélés. On parle d’un jeune sur cinq à un sur dix, selon les enquêtes. Ce phénomène prend des ampleurs dramatiques et nous sommes souvent au-delà de l’impact psychologique.

A lire aussi : Choc des savoirs, carte scolaire, harcèlement : quel est l’avenir des établissements scolaires de l’Aude ?

Comment le Département peut-il agir ?

Dans les compétences qui sont les nôtres déjà. Tout ce qui est du ressort de l’enseignement, de l’encadrement ou de la discipline est du ressort de l’Éducation nationale, nous, ce sont plutôt le bâti scolaire, la restauration, l’entretien et le fonctionnement des bâtiments. Néanmoins, bien avant ces phénomènes, nous menons des actions pour sensibiliser, prévenir, informer et donner des clés aux jeunes pour éviter ce genre de situation. L’offre éducative que nous proposons aux établissements est sur toutes ces thématiques car la base du harcèlement est la discrimination. Handicap, origine, physique, religion… peuvent entraîner des répercussions.

A lire aussi : Narbonne : un groupe de parole sur le harcèlement et les phobies scolaires ouvert aux jeunes et aux familles

Nous avons mené 39 projets dans les 28 collèges de l’Aude depuis la rentrée

Quelles sont les actions que vous menez auprès des collégiens ?

Dans le cadre préventif qui est le nôtre, notre objectif est de libérer la parole, déconstruire des stéréotypes… Sur l’année scolaire en cours, nous avons mené 39 projets sur toutes les thématiques que j’ai évoquées dans les 28 collèges de l’Aude, souvent par le biais de l’intervention d’associations spécifiques. Les élèves participent à des ateliers à travers du théâtre, des ateliers audiovisuels, des rappels sur l’engagement citoyen, la laïcité (qui est une loi de libertés et non d’interdictions), de la sensibilisation à la lutte contre les discriminations et l’homophobie, le sport pour tous avec une sensibilisation au Handisport, le cyberharcèlement avec Acti City, notre partenaire, etc. Voici tout ce que nous proposons gratuitement aux établissements.

Tout ceci ne peut se faire que sur la base du volontariat des jeunes. Est-ce suffisant ?

Ces dispositifs sont gratuits et nous sommes dans la limite de l’exercice. Les actions n’ont pas vocation à tout résoudre, mais ça peut éviter quelques situations. Nous sommes aussi dans l’accès aux droits, une instance que nous partageons avec la préfecture et le ministère de la Justice. Cette année, cela s’est concrétisé par des théâtres forums à destination des collégiens sur le harcèlement scolaire. Le ministère vient apporter des éclairages juridiques et éventuellement répressifs.

Les réseaux sociaux n’aident jamais dans ces cas. Qu’en pensez-vous ?

Ils sont un amplificateur. Nous ne sommes pas en première ligne, c’est souvent l’Éducation nationale et nous travaillons main dans la main pour être facilitateur, proposer des actions complémentaires. Tout cela est perfectible bien sûr et nous sommes hélas confrontés au mur des moyens alloués. Il faudrait du personnel formé pour accueillir cette parole et en faire bon usage. Il manque des surveillants, des médecins scolaires, des psychologues pour ne pas que des situations dégénèrent ou au moins que les élèves qui commencent à être victimes puissent avoir un espace d’échange et de prise en charge. Il y a un vide dans les établissements.

Sébastien Gasparini : "A Narbonne et Carcassonne surtout, nous essayons de mixer la sectorisation avec les villages pour éviter des phénomènes qui favorisent l’appréhension de la différence."
Sébastien Gasparini : "A Narbonne et Carcassonne surtout, nous essayons de mixer la sectorisation avec les villages pour éviter des phénomènes qui favorisent l’appréhension de la différence." L'Indépendant - BOYER Claude

C’est un vide difficile à combler quand on sait que la parole est souvent libérée de pair à pair et que les enfants ont du mal à se confier aux adultes… La Région a fait des ambassadeurs du harcèlement dans les lycées, mais cela ne paraît difficile dans les collèges. Qu’en pensez-vous ?

C’est compliqué. Il y a des expérimentations dans des départements où des médiateurs (peut-être pendants des ambassadeurs dans les lycées) qui permettent déjà de repérer des situations d’urgence. Les surveillants, en proximité, peuvent aussi voir l’isolement, les difficultés. Ces dernières années, les faits rapportés augmentent aussi face à la libération de la parole et c’est tant mieux. Avant, peut-être le disait-on moins… La sensibilisation des personnels de l’Éducation nationale n’y est sûrement pas étrangère. On voit les chiffres monter, c’est vrai, mais il faut aussi souligner la sensibilité des collégiens face au harcèlement. Je le vois partout chez les délégués. Cela revient systématiquement et c’est ancré dans leur tête, même dans les collèges en zone rurale. En tout cas, partout, mais à Narbonne et Carcassonne surtout, nous essayons de mixer la sectorisation avec les villages pour éviter des phénomènes qui favorisent l’appréhension de la différence.

Puisque la tenue vestimentaire qu’elle soit ostentatoire, décalée ou genrée est source de harcèlement, êtes-vous de ceux qui militent pour le retour à l’uniforme au collège ?

Mon avis d’élu est surtout que cette histoire est un miroir aux alouettes pour gommer les inégalités. Quand on parle de ça, on ne parle de sujets plus importants dont la question des moyens. Il faut d’abord donner à tous les élèves les mêmes chances de réussir. Sur l’Aude, nous avons eu une carte scolaire qui va fermer 19 classes et va commencer à faire de l’inégalité dans l’accès à l’éducation. Nous avons aussi des problèmes de professeurs non remplacés… Une fois que l’on aura résolu tout ça, on pourra peut-être en reparler.

D’autant qu’il faudra aussi prévoir les mêmes chaussures pour tous, empêcher de porter des bijoux…

Oui, ceux qui souhaitent montrer des signes extérieurs de différenciation ne seront pas empêchés et le feront par d’autres biais. Ça ne supprimera pas les inégalités et cette mesure reste avant tout populaire et populiste.

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Les commentaires (4)
VALKYRIE Il y a 13 jours Le 20/05/2024 à 08:15

Mr Gasparini dans le primaire il y avait des assistantes d'éducations, très polyvalentes en contrats aidés, ces personnes aidaient les maitresses dans différentes taches, secrétariat, surveillance pendant les récréations (c'est là que cela commence), mais ceci a été supprimé et les directeurs (trices), des écoles ont acceptés de ne plus êtes déchargés pour avoir un revenu mensuel plus élevé au détriment des personnes qui étaient prisent en contrat aidé (appât du gain). Il faut traité le problème par la racine, il faudrait commencé dès le plus jeune âge..... 6ème c'est trop tard....... cela à mon avis rentre dans l'éducation souvent laissé de coté par des parents occupés (travail, divorce, maladie, autres etc....)
merci de tenir compte de mes suggestions, et d'écouter les personnes non impliqué dans la politique mais qui côtoient le (peuple)....

antidetracteur Il y a 13 jours Le 20/05/2024 à 16:07

C'est faux tout ça, jamais les directeurs et directrices du primaire n'ont refusé les personnes dont vous parlez.
La surveillance à la récréation dans le primaire est faite par les enseignants à tour de rôle.
On pourrait s'en inspirer dans le secondaire en faisant surveiller la récré par des profs au lieu que ceux ci prennent leur petit café dans la salle des profs.
Ils épauleraient ainsi les surveillants qui ne sont pas assez nombreux,mais les profs ont toujours refusé!

Sophia Il y a 13 jours Le 20/05/2024 à 19:15

Ah ces profs ..toujours en vacances et à se plaindre..et pourtant :
_1.5% d'augmentation de l'indice plus 0.6% en 13 ans!
_plus de 100 ou 150 élèves en moyenne par an et des semaines de plus de quarante heures ..et quelques jours de vacances ..(qui sont des congés pour rappel) à travailler.
_des indemnités de prof principal ridicules pour faire le travail d'un prof d'école mais avec 5 ou 6 classes en plus..
_des épreuves du bac et délibérations et rattrapages ..jusqu'au 10 juillet..
Un petit inventaire pour faire la lumière que les médias ont éteinte sauf sur le premier degré..
Bonne route ..
Ps: évitez les fautes dans vos commentaires

sebastia Il y a 13 jours Le 20/05/2024 à 21:09

@Sophia,
"des indemnités de prof principal ridicules pour faire le travail d'un prof d'école mais avec 5 ou 6 classes en plus.."
Vous me faites sourire...
Un prof d'école enseigne le français ,les maths, l'histoire, la géographie, les sciences, informatique ,technologie, éducation physique, éducation civique...et vous une seule matière...
Un prof d'école passe 24h hebdomadairement devant sa classe plus 3 h de concertation ou conférence pédagogique et vous 18h ...
Un prof d'école reçoit et rencontre des parents quasi quotidiennement et n'avait ,contrairement à vous, aucune indemnité pour cela jusqu'à récemment.
Un prof d'école accueille les enfants dans la cour à 8h50 et 13h 50 et va les raccompagner au portail à midi et 17h ...
Un prof d'école assure la surveillance à la récréation ...vous, vous avez les surveillants..
Un prof d'école joue aussi le rôle d'infirmier en soignant les enfants pendant le temps scolaire et les récréations.
Effectivement, vous enseignez à plusieurs classes, mais sur quelques heures à chacune par semaine, donc vous ne connaissez pas les enfants...contrairement au prof d'école qui passe 6h par jour avec sa classe...
Vos indemnités de prof principal sont ridicules?
Et bien, un prof d'école est manifestement prof principal de sa classe en faisant tout le travail de suivi, évaluation, rencontre des parents, sans demander une "indemnité"...
Le travail jusqu'au 10 juillet?
Pour une petite minorité...
Quant à votre réflexion "Evitez les fautes dans votre commentaire" elle est typique de la mentalité des profs...