Retour au premier plan du PS, rôle clé de Puigdemont, parti d'extrême droite... Les incertitudes des élections catalanes

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  • Depuis Argelès, Carles Puigdemont a mené une campagne efficace.
    Depuis Argelès, Carles Puigdemont a mené une campagne efficace. L'Indépendant - Henry de Laguérie
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Henry de Laguérie

Près de 5.7 millions de Catalans sont appelés aux urnes ce dimanche 12 mai pour élire leurs députés. Ces élections anticipées se sont converties en un duel entre l’indépendantiste Carles Puigdemont, qui a fait campagne à distance, et le candidat socialiste Salvador Illa, favori du scrutin.

Une campagne plutôt calme, des débats télévisés courtois et peu de polémiques : une fois n’est pas coutume, c’est une Catalogne relativement apaisée qui s’apprête à voter dimanche. Six ans et demi après le référendum du 1er octobre, la question de l’indépendance ne semble plus aussi prioritaire qu’avant, en témoigne la première place dans les sondages du candidat socialiste Salvador Illa.

"Il y a une fatigue du conflit", analyse Albert Segura, documentariste pour TV3, la chaîne publique catalane. "On n’est plus en 2017, 2018 ou 2019, où on attendait le retour de Carles Puigdemont avec ferveur. On est dans une autre étape". Fidèle du Premier ministre Pedro Sanchez, Illa veut tourner la page de l’indépendantisme.

Sécheresse, éducation, insécurité…

"Ils se sont trompés de priorité. Résultat, en 10 ans, on a reculé", confie à l’Indépendant le leader socialiste. "Il y a une sécheresse et on n’était pas préparé à l’affronter. En éducation, on est les derniers d’Espagne. Aucune décision n’a été prise pour améliorer nos infrastructures. L’insécurité s’est aggravée. Ce sont 10 années pendant lesquelles la Catalogne a été largement en dessous de ses capacités et de ce qu’elle mérite".

Les grâces accordées par Pedro Sanchez aux indépendantistes et l’amnistie qui conduira Carles Puigdemont à rentrer chez lui d’ici la fin du mois de juin ont facilité un retour à la normale en Catalogne. Les socialistes veulent surfer sur ce nouveau climat et tenter de retrouver la Generalitat, 14 ans après la présidence de José Montilla.

A lire aussi : "C'est positif que Puigdemont puisse se présenter". Qui est Salvador Illa, possible futur président de la Generalitat de Catalogne

Mais Carles Puigdemont (Junts) n’a pas dit son dernier mot. Dans les sondages, l’écart avec Salvador Illa s’est réduit en fin de campagne. Depuis la salle de spectacle d’Argelès sur Mer, il a tenu une douzaine de meetings. Tous les soirs, des centaines de sympathisants ont traversé en bus la frontière pour le voir. S’il n’a rien perdu de son énergie, il a modéré son discours. Il ne promet plus l’indépendance pour demain et met l’accent sur son programme économique d’inspiration libérale. Fait nouveau : il revendique la figure de Jordi Pujol, l’ancien président de la Catalogne, tombé en disgrâce et bientôt jugé pour corruption.

Alliances incertaines

La tête de liste de Junts a réussi à éclipser le président sortant Pere Aragones (ERC) qui doit regretter d’avoir convoqué ces élections anticipées. L’indépendantiste de centre gauche n’a pourtant pas à rougir de son bilan avec un taux de chômage au plus bas depuis 16 ans à 9,5 % et une croissance supérieure au reste de l’Espagne. Il manque cependant de charisme et paye aussi la gestion de la sécheresse et les mauvais résultats scolaires de la Catalogne.

Mais avec le système espagnol à la proportionnelle à un seul tour, le vainqueur devra trouver une majorité pour gouverner. Il faudra tisser des alliances post-électorales qui s’annoncent très compliquées d’autant qu’il faudra compter sur la jeune formation d’extrême droite : Aliança Catalana. Le nouveau parti indépendantiste et anti-immigration devrait faire une entrée remarquée au Parlement catalan.

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