Ille-sur-Têt : sur le fil poétique de Charles Pennequin et Camille Escudéro
Charles Pennequin et Camille Escudéro ont tout donné, à El taller treize à l’occasion L’illa dels poètes.
Une soirée portée par l’exposition "Poésie pauvre/pauvre poésie", une installation de dessins "écriturés" et de murmures ravagés et des lectures souvent profondes. Pennequin et sa poésie anatomique, citant Péguy, se libérant de son mégaphone, s’accompagnant des soupirs et des sanglots du bandonéon de Piazzolla, et son timbre si particulier, que l’on doit au jeu simultané de deux voix accordées à une octave de différence et au talent de celui qui a décorceté le tango argentin. Deux accords que l’on a retrouvés tout au long de cette soirée hypnotique, avec cette petite musique verbale à deux voix, dans l’épaisseur du rythme et ces mots coulant comme une source de printemps ; cette complicité naturelle entre Camille Escudéro et Charles Pennequin qui s’affichait sur les murs d’El taller habillés par l’empreinte des deux artistes. Quelque chose de puissant, porté par le lyrisme de Charles Pennequin, d’entraînant porté par la douceur convergente de Camille Escudéro ; un vortex langagier et pictural tourbillonnant.
"Ce qui nourrit notre travail, pour ma part c’est l’écriture, la poésie et là, pour le dernier livre Petite bande, c’est de dessiner. Pour moi, le dessin a à voir avec la poésie, à voir avec des tracés. Quand j’écris j’ai dans ma tête un texte qui commence à venir en faisant des traces, qui en fait vont devenir visuelles. C’est toujours lié à l’écriture. C’est pour ça que j’appelle ça des dessins écriturés".
Un Pennequin différent ? "Oui car Petite bande, ce sont des textes qui sont moins portés à la poésie sonore, à la performance, mais qui peuvent être lus et dire autre chose je pense. On voulait démarrer par rapport à ce livre et par rapport à l’exposition, car il y a des dessins qui sont dans le livre".
Au côté de ce sémaphore, se glisse avec sa sensibilité d’artiste Camille Escudéro.
"Je tiens beaucoup à la position de lectrice. Je suis très travaillée par la poésie, mais je n’écris pas. Pour moi lire les textes, c’est une manière de réécrire derrière. Le travail de Charles, indépendamment qu’il soit mon époux, c’est son travail d’écriture, qui moi en tant que lectrice me met debout. C’est une écriture qui appelle à ce qu’on lise debout, que les lecteurs retrouvent une colonne vertébrale et qu’ils ne la reçoivent pas de manière digestive. En fait, c’est faire passer une poésie qui ne soit pas un acte de digérer les mots, mais un acte où on est appelé à les recracher, à mordre dedans".
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