Rustiques. L’occupation des Allemands du domaine de Canet racontée par Francis Carbonnel
Francis Carbonnel, décédé en août 2021, était un des enfants de Louis Carbonnel, le régisseur du domaine de Canet, quand les Allemands s’y sont installés pendant l’Occupation. Les officiers étaient au château et la troupe dans les maisons de vendangeurs.
Il a écrit sur sa jeunesse au domaine. Francis a raconté cette occupation avec quelques anecdotes : "Nous avons eu de la chance de tomber sur des soldats corrects et pas méchants. Tous les matins, l’officier demandait à mon père s’il n’y avait rien à signaler quant au comportement des soldats".
Le stade pour terrain d’entraînement
Et il poursuit dans ses descriptions de la vie durant cette période : "Chaque midi, les soldats étaient alignés devant le château pour le rapport. C’était aussi assez impressionnant d’entendre dans les bois alentour, leurs chants martiaux durant leurs marches. Quand nous revenions de l’école avec mon frère aîné Jacques et ma sœur Jeanine, nous traversions le terrain de foot pour ramasser les douilles vides, car c’était leur terrain d’entraînement au tir autant pour les soldats cantonnés à Canet que ceux qui étaient à Rustiques".
Un stock de Perrier
Dans son récit, Louis Carbonnel raconte que "par crainte d’empoisonnement, les occupants ne buvaient pas l’eau de notre puits, qui était à ce moment-là, la seule alimentation en eau du domaine. Ils ne buvaient que de l’eau de Perrier, dont ils avaient entassé dans la cave un stock important de bouteilles. Après leur départ nous avons bu du Perrier pendant longtemps".
Mais aussi des moments de peur
Si cette occupation était plutôt "respectueuse", la famille a connu quelques peurs.
Ainsi, "un jour nous avions eu une belle frayeur, mon frère et moi, nous rôdions souvent dans les bois, et ce jour-là, au fond de la prairie de Rouîre, nous avons découvert une fosse au pied d’un poteau d’exécution. Nous avons vite déguerpi et nous n’y sommes plus revenus. Apparemment, le poteau et la fosse n’ont jamais servi".
Ou encore, cette autre anecdote. "Un matin, on frappa à la porte de la cuisine, un officier allemand poussa très vite une valise et nous dit en excellent français : ‘‘Gardez-la moi, je reviendrai la chercher et je vous expliquerai’’. Mon père qui avait peur qu’il y ait une bombe à l’intérieur, alla la cacher au fond de la cave. Plusieurs mois après, quand l’officier revint, en nous remerciant il nous dit : ‘‘J’ai dans cette valise des vêtements civils et des faux papiers qui me serviront le jour où ça ira mal. J’ai fait mes études à Paris et j’aime la France. Au revoir, à une autre fois".
Après le débarquement du 6 juin 1944, les choses ont commencé à se gâter. Les Allemands étaient mal ravitaillés et de plus en plus nerveux, ils quittèrent le domaine au mois d’août.
Peu de temps après maquisards et engagés volontaires se sont réunis dans les domaines de Canet et Septsérous pour former le bataillon Minervois.
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