Bouger les lignes

Publié le
JDM

Faire bouger les lignes est une expression fréquemment utilisée par les commentateurs politiques. Elle permet de traduire les glissements des électeurs d’une formation à l’autre ou les changements de trajectoire des élus. Le phénomène n’est pas nouveau. Déjà au siècle dernier, les chansonniers s’en amusaient. "La gauche est à droite, la droite est à gauche, le centre lui-même n’est plus au milieu", fredonnaient-ils dans leurs refrains.

Mais ici ce n’est pas de ligne politique dont il s’agit. Plus prosaïquement, il est question de limites de places de parking. Nous avons eu l’occasion de regretter l’étroitesse de celles situées sur les berges de l’Aude, côté rivière. Pour avoir voulu caser trois emplacements entre deux arbres, les responsables avaient choisi une option peu adaptée à la dimension des véhicules d’aujourd’hui ou à l’esprit civique des automobilistes.

Ainsi, il n’était pas rare de voir des berlines posées sans vergogne à cheval sur deux places, au mépris de l’espace confisqué de cette façon à une autre voiture. On pouvait aussi s’amuser de voir conducteurs et passagers s’extraire de l’habitacle avec difficulté et au prix de contorsions parfois risquées pour les dos les plus fragiles.

Tout cela est du passé. Au nom du précepte "quand il y a de la place pour trois il y en a pour deux", les services municipaux ont sorti la peinture et fait bouger les lignes. Dorénavant, il n’y a plus que deux emplacements entre les arbres. Par la magie d’un coup de pinceau, l’exiguïté est devenue opulence.

Finie l’épreuve de devoir se tortiller pour sortir de son véhicule. Fini d’empiéter impunément sur l’emplacement voisin, ou de pester contre celui qui se livre à ce pillage. Fini de devoir s’armer de patience pour installer sans heurts son bébé sur le siège auto. Il suffisait de bouger les lignes. Fallait y penser.

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