Cour d’assises de Perpignan – Jugé pour le meurtre de sa compagne : "Tous les jours on montait au Perthus acheter 1,5 litre de whisky. On buvait, et ça pétait"

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  • Le drame s’est noué dans la nuit du 20 au 21 mars 2021 avenue du Tech à Perpignan.
    Le drame s’est noué dans la nuit du 20 au 21 mars 2021 avenue du Tech à Perpignan. Nicolas Parent - L'Indépendant
Publié le
Laure Moysset

Joseph S., âgé de 57 ans, est jugé depuis ce lundi 22 avril 2024 devant la cour d’assises des Pyrénées-Orientales pour le meurtre de sa compagne, dans la nuit du 20 au 21 mars 2021. Il est accusé d’avoir allumé un incendie dans le salon de leur logement, quartier du Moulin-à-Vent à Perpignan. Sinistre qui avait causé l’intoxication mortelle de la quinquagénaire, retrouvée sans vie sur le palier du premier étage.

Ce 20 mars 2021, ils fêtaient les neuf ans de leur rencontre. Une vie de couple toxique, uni par l’alcool et nourri par leur déshérence réciproque. Des années, du Var au Gers jusqu’aux Pyrénées-Orientales, marquées par les cris, les insultes et la violence. Un jour, Joseph S. lui met un coup de couteau dans le bras. Un autre, il coupe le tuyau de son respirateur à oxygène. Quelque temps plus tard, c’est Pascale qui le plante, puis lui enfonce une fourchette dans la main. Dans l’appartement du quartier du Moulin-à-Vent à Perpignan, leurs engueulades deviennent quasi quotidiennes, souvent calmées par l’intervention des services de police. Régulièrement, elle veut qu’il parte, le met dehors, et quelques jours plus tard, les voilà qui reprennent cette vie commune qui n’en est plus une. À se faire du mal, l’un et l’autre. Dérive contre naufrage. "On s’entraînait mutuellement", raconte Joseph S. "Tous les jours on montait au Perthus acheter 1,5 litre de whisky. On buvait. Et ça pétait". Mais ce soir de l’anniversaire de trop, Pascale n’y survivra pas. Elle veut véritablement en finir avec cette relation. Joseph a "de la haine contre elle". Il allume un chiffon de cuisine avec un briquet, met le feu dans le salon. Il quitte les lieux avec son chien parce qu’elle le "met à la porte", dit-il. Pascale est retrouvée sur le palier de son logement ravagé par les flammes. Morte asphyxiée par les fumées.

"C’est à 14 ans que j’ai percuté que ce n’était pas mes vrais parents"

Le compagnon est arrêté quelques heures plus tard, déambulant dans le secteur. Il encourt aujourd’hui la réclusion criminelle à perpétuité pour l’avoir tuée. Elle, la seule personne à laquelle s’accrochait encore un peu l’existence titubante de cet homme. Ses parents biologiques, il ne les a jamais connus. Placé à l’assistance publique dès l’âge de 3 mois avec sa sœur aînée, après avoir été découverts abandonnés en pleine nature avec un simple bout de pain et "des comportements de petites bêtes sauvages", notent les services sociaux. D’une famille d’accueil à une autre, toujours les mêmes mauvais traitements. Dans la dernière, ils viennent s’entasser avec les cinq enfants de la maison. "C’est à 14 ans, en voyant la signature sur le livret scolaire, que j’ai percuté que ce n’était pas mes vrais parents. Ça m’a rendu triste", raconte Joseph S. "Avec ma sœur, on était traité différemment. On nous envoyait à la cave pour manger, parfois pour dormir. Ils me mettaient dehors pour la nuit même s’il faisait un froid de canard, surtout en Haute-Savoie. J’étais battu à coups de martinet et de ceinture, souvent je loupais l’école car j’avais des marques sur le visage et il ne fallait pas que ça se sache. On aurait dit que j’étais un esclave."

À 18 ans, "j’ai bien vu que je dérangeais" poursuit-il. Joseph devance l’appel, part à l’armée. Il travaille comme paysagiste, maçon ou en mission intérim, puis se retrouve à donner un coup de main dans une association pour sans-abri où il rencontre Pascale en 2012. Six ans plus tard, l’homme ajoute à ses trois mois de prison pour extorsion avec violence et à sa condamnation pour conduite sous l’emprise d’un état alcoolique, 4 mois avec sursis pour violence sur sa compagne. Mais là encore, le couple reprend sa vie de perdition. "Quand je m’énerve, je m’énerve", avoue-t-il. "Puis l’alcool, je ne suis jamais arrivé à arrêter. Il me fallait de l’alcool pour continuer. Elle était comme moi. Et ça gueulait tellement chez nous que l’on n’avait aucune relation avec les voisins". Ces mêmes voisins qui, ce soir d’anniversaire, à force d’entendre des cris, n’ont pas prêté attention au départ à leur ultime dispute.

Verdict attendu ce mercredi 24 avril 2024.
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Les commentaires (5)
Rainbowunicorn Il y a 9 jours Le 24/04/2024 à 06:35

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Gastro Il y a 10 jours Le 23/04/2024 à 09:46

L'alcool nuit gravement à la santé...

Gigihihi Il y a 10 jours Le 23/04/2024 à 08:54

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