Dix ans après le décès de Giger, le créateur d'Alien : l'œuvre de l'artiste, une inspiration pour les tatoueurs
Une page art de vivre un peu spéciale : Extraterrestre, Alien, surréalisme… page binôme reliée avec l’exposition unique de l’artiste H.R. Giger à Perpignan. Dans ses créations biomécaniques, mélange trans d’humains croisés avec des machines infernales dans un univers monochrome, on se penche sur son influence dans le domaine du tatouage, des lames de tarot, du premier film Dune jamais finalisé mais au Storyboard devenu culte, et d’un catalogue d’expo qui fera date. Une étrange cuisine galactique en quelque sorte.
Avec l’artiste Giger, l’imaginaire n’a pas de limite. Adulé dans cet art de vivre qu’est le tatouage, l’artiste tatoueur Christophe Klain, à l’abri dans son atelier du patio de la rue du Théâtre à Perpignan, même s’il admet qu’il n’y a pas de lien plastique avec Giger dans son boulot, reconnaît l’influence du maître de la biomécanique.
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Né en 1976, Christophe avait 3 ans lors de la sortie d’Alien et c’est avec les délicates VHS poussiéreuses et encombrantes qu’il découvrit plus tard le xénomorphe et le monde apocalyptique de Giger. Marqué par le film il dit avec raison : « Giger aurait été Giger sans Alien, mais pas l’inverse ».
Le tarot de Giger
Le côté dérangeant de l’œuvre de l’artiste Helvète, son rapport au sexe, ce côté profane, interdit, parlaient aux gens, aux clients des cabinets de tatouages, surtout dans les années 90 et 2000. Pour Christophe Klain, posséder un bouquin de H.R. Giger dans sa bibliothèque est aussi important qu’en avoir un du Caravage. Pour le fondateur du Tatou Run Run – sorte d’équipée annuelle motorisée, autour du rock, du tatouage et des deux roues vrombissantes au mois de juin – il conserve chez lui une pièce digne de figurer dans l’expo Giger qui commence ce week-end à la galerie acentmètresducentredumonde à Perpignan. Un des rares tarots illustrés de l’artiste. Aujourd’hui introuvable et aimablement prêté par Christophe à Latifa Salomon. On peut en voir quelques lames tenues ci-contre en éventail par Latifa, grande organisatrice de cette exposition dantesque qui fera tomber les fans en pâmoison.
Métal Hurlant
Autre rencontre, autre illustrateur. Passé par les Beaux-Arts de Perpignan dans les années 90, quand cette dernière savait donner la préséance à l’art sous toutes ces formes, avec une école qui se respecte, Steeve Goliot-Villers en sortit diplômé. Il eut ensuite un vrai salon de tatouage entre 2003 et 2022 à Perpignan, avant la grêle d’ouverture qui intervint dans la foulée et qui vit les plus anciens et souvent précurseurs, passés à autre chose. La marque glaciale de Giger s’est déclenchée avec le premier Alien qu’il a vu dans un cinéma, alors qu’il habitait en Algérie en 1985, mais malheureusement censuré à 50 %. C’est le mensuel Metal Hurlant – béni soit son nom – tenu par le génial Jean-Pierre Dionnet, qui l’a converti, lui cet éternel athée, à l’algide tragique de cette galaxie biomécanique. Comme Giger qui fut à ses débuts dessinateur de mobilier, avec un trait très technique, très horloge suisse, Steeve fasciné par ce Baphomet helvétique, s’en inspira en créant dans ses illustrations et tatouages sa propre vision dérivée de cet amas de chair, de stupre et de mécanique infernale.
Eros et Thanatos
L’effet Giger était désinhibant à l’époque nous dit-il. Il se rappelle qu’au Beaux-Arts de Perpignan, le simple nom de l’artiste donnait des frissons aux profs trop occupés à mettre les étudiants dans le moule du Land Art, du minimalisme ou du Supports/Surfaces. Vade retro Giger, Eros et Thanatos ne passeront pas ces portes-là. Trop populaire, puisque lié au film qui l’a rendu célèbre. Ah ! les petits jaloux.
Les vrais fans de Giger et de tatouages n’hésitant pas eux, à se faire métamorphoser sur un large espace d’épiderme des variantes du xénomorphe de Hans Ruedi Giger. Art de vivre multiple, pour ces accros qui ne jurent que par le maître de l’aérographe et de cette monochromie hantée.
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