Dans l’Aude, la démoustication périodique ne suffit pas toujours

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  • "C’est surtout le week-end dernier, qui a été particulièrement beau, qui a été favorable aux moustiques ayant réussi à échapper au traitement", explique Jean-Claude Mouret.
    "C’est surtout le week-end dernier, qui a été particulièrement beau, qui a été favorable aux moustiques ayant réussi à échapper au traitement", explique Jean-Claude Mouret. L'Indépendant - CHRISTOPHE BARREAU
Publié le , mis à jour

Que ce soit dans les zones humides ou artificielles, l’EID Méditerranée organise toute l’année des contrôles et des traitements. Le BTI n’est efficace qu’à 85 ou 90 %. Les réchappés peuvent alors voler et piquer librement…

Ils sont déjà de retour. Mais étaient-ils vraiment partis ? Depuis quelques jours, les moustiques, leurs piqûres et les boutons démangent nos nerfs et nos grattouillis. Ça chatouille même le député de la 2ᵉ circonscription de l’Aude, Frédéric Falcon, qui a adressé au directeur de l’Entente interdépartementale pour la démoustication (EID) du littoral méditerranéen. Si la missive n’est pas encore arrivée à bon port depuis l’Assemblée nationale, le membre du RN réclame au directeur "des mesures efficaces pour contrôler la population et prévenir tout risque d’épidémie", mais aussi "des éclaircissements quant à la méthode utilisée". Lui qui se dit encore "indigné des pressions exercées par les écologistes pour limiter ou interdire certaines pratiques", craint que "l’absence d’intervention adéquate ne conduise à une prolifération incontrôlée comme ce fut le cas l’an dernier".

A lire aussi : Sécheresse : L'invasion diminue de 20% chaque année... Faute d’eau, le moustique tigre bat en retraite à Barcelone

L’EID, créée dans les années 60 et basée à Montpellier, n’utilise rien d’autre que le Bacillus thuringiensis iisraelensis (BTI) sur les larves de moustiques (sauf tigre). Ce "bio insecticide" découvert dans les années quatre-vingt et adopté depuis dix-huit ans dans la région est venu plumer ces aînés chimiques qui éliminaient tout sur leur épandage et pas seulement les visiteurs piquants des fins de journée et de la nuit. Jean-Claude Mouret, responsable coordination opérationnelle à l’EID, explique que "deux espèces principales (aedes caspius et detritus et aedes quercus, NDLR) sont présentes potentiellement toute l’année. Nous luttons depuis près de soixante ans contre ces moustiques qui se développent dans les zones humides. Selon les années, et en fonction des conditions climatiques, nous allons avoir des mises en eau plus tôt ou tard, intense ou moins… Cette année, nous avons eu un mois de mars très riche en submersions provoqués par les vents de mer." Les niveaux des étangs montant avec la poussée de la mer, les zones humides (parfois classées en zone Natura 2000) sont abondées par des eaux débordantes. C’est ici que les femelles des espèces y trouvent leur havre de pondaison lorsqu’il est à sec. "Les 2, 9 et du 26 au 28, des vents très forts ont engendré des coups de mer provoquant des centaines d’hectares d’éclosion. Les pluies, elles, n’ont pas joué leur rôle puisque l’eau s’est infiltrée rapidement", détaille le responsable. Sachant que le moustique peut parcourir de grandes distances, il n’a pas laissé indifférent les Audois. "Ils piquent la journée, à l’extérieur. Essentiellement, en fin d’après-midi, quand on a le temps de profiter. Cela faisait plusieurs jours que les gens se plaignaient mais c’est surtout le week-end dernier, qui a été particulièrement beau, qui a été favorable aux moustiques ayant réussi à échapper au traitement. L’efficacité n’est que de 85 % ou de 90 %", poursuit Jean-Claude Mouret. Ces fameux 10 ou 15 % de marge, multipliés par des centaines d’hectares, laissent évidemment des larves éclore. "Sans commune mesure s’il n’y avait pas de traitement bien évidemment, mais oui, ils se sont manifestés à certains endroits, pas partout", tempère-t-il.

"Jusqu’à deux mille larves au m2"

Tout au long du mois de mars, du BTI a été épandu par voie aérienne ou terrestre. Le dernier traitement sur les éclosions larvaires date du 11 mars au 5 avril. La semaine du 8, des traitements de reprise ont eu lieu et reprendront dès la prochaine mise en eau. Et puis, il y a des mises en eau artificielles sur des terres ou des cultures propices à l’éclosion. Ces irrigations, "c’est pratiquement tous les jours que sur la plaine viticole de Coursan ou l’étang asséché de Marseillette, pour ne citer qu’eux, il y a des irrigations. Nous les traitons aussi avec le BTI qui n’est efficace que si la larve l’ingère".

Le bulletin "moustique" de cette semaine.
Le bulletin "moustique" de cette semaine. EID Méditerranée

Les aedes caspius ou detritus se répartissent l’année : une espèce plus présente les six mois les plus froids, l’autre le semestre le plus chaud et peuvent même cohabiter au printemps ou à l’automne, d’où la vigilance actuelle de l’EID Méditerranée. "Elles sont très nuisantes et nous les combattons principalement. Quand on se fait piquer, nous avons tous le sentiment que les traitements n’ont pas fonctionné. Mais non, ce n’est que le résidu des 85-90 %. On peut compter jusqu’à 2 000 larves au m!"

"Les enjeux environnementaux" sont respectés, selon Jean-Claude Mouret. "Les études d’incidence nous obligent à réaliser le meilleur compromis entre la mission et le respect des enjeux. De toute façon, l’efficacité n’est pas totale quel que soit le traitement."

Les "tigres" sont de la responsabilité de chacun

Quant au moustique tigre, "il nous amène dans le milieu urbain. Il a été détecté à la frontière italienne en 2004. On l’a retrouvé dans l’Aude depuis 2011 et est implanté depuis dans nos régions. Chez nous, ce moustique exotique ne supporte pas les températures fraîches. L’adulte est présent de mai à novembre et les premières larves apparaissent en ce mois d’avril. Entre novembre et avril, se joue la diapause des œufs qui, même submergés, n’écloront pas", dévoile Jean-Claude Mouret.

Le moustique tigre est implanté dans plus de la moitié du département.
Le moustique tigre est implanté dans plus de la moitié du département. moustiquetigre.org

Lui, il ne se développe pas dans les zones humides, mais dans des jardins, terrasses, balcons, cours de particuliers. "Dans tous les récipients qui peuvent contenir de l’eau. On en a même retrouvé dans un bouchon de bouteille d’eau. Nos traitements ne sont pas transposables et nous sommes dans le domaine privatif." C’est donc à chacun de nous de supprimer les larves en vidant l’eau des récipients, en mettant du sable dans les coupelles, etc. Plus d’infos sur moustiquetigre.org

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Les commentaires (11)
Ginette Dufois Il y a 12 jours Le 19/04/2024 à 16:34

Il n'y a pas de moustiques dans les déserts, c'est bien connu. Tant qu'il y aura de l'eau, il y aura des moustiques ! « Il faut faire avec ... »

BabylonSisters Il y a 12 jours Le 19/04/2024 à 11:37

Qui dit réchauffement climatique, dit saison des moustiques rallongée. Avant, sa présence se limitait à l'été. Désormais il est présent aussi au printemps et à l'automne. Le réchauffement climatique a aussi apporté des espèces de moustiques exotiques comme le moustique tigre plus résistant aux insecticides.

Gigihihi Il y a 12 jours Le 19/04/2024 à 09:18

Est-ce qu'un lecteur de ce journal à compter les hirondelles dans notre ciel ? Il n'y en a plus ....c'est un oiseau insectivore uniquement et de plus en vol ....donc, il a disparu ainsi que d'autres comme les martinets ....
Voilà messieurs du RN ....vous voulez encore plus d'insecticides ?
Vous laissez à nos enfants un ciel vide ....

baron-de-synclair Il y a 12 jours Le 19/04/2024 à 11:16

Déjà IO disait qu'une i-rondelle ne faisait pas la prim-avera de Jup-i-ter...