"Insultes, coups, harcèlement" : l'alerte des infirmiers sur les violences qu'ils subissent, "une dizaine de faits signalés tous les mois" dans l'Aude et les Pyrénées-Orientales

Abonnés
  • Valentin Bisiaux est le président du conseil interdépartemental de l'Ordre Infirmier de l'Aude et des Pyrénées-Orientales depuis fin 2023.
    Valentin Bisiaux est le président du conseil interdépartemental de l'Ordre Infirmier de l'Aude et des Pyrénées-Orientales depuis fin 2023. Nicolas Parent - Nicolas Parent
Publié le , mis à jour

Élu le 17 novembre 2023 à la tête du Conseil interdépartemental de l'Ordre infirmier de l'Aude et des Pyrénées-Orientales, Valentin Bisiaux, 31 ans, prend ses marques dans un poste qu'il inaugure, mais au sein d'une structure qu'il connaît bien. Ancien vice-président de l'Aveyron, il est déjà élu au Conseil de l'Ordre d'Occitanie depuis 3 ans. Originaire du Nord, il est installé dans les Pyrénées-Orientales depuis un an et exerce comme infirmier psychiatrique au sein du centre hospitalier de Thuir. À peine arrivé, un dossier lui brûle les doigts : les violences dont la profession est victime. Les actes sont multiples, de plus en plus nombreux, et se manifestent surtout, malheureusement, en pays catalan.

Valentin Bisiaux, vous avez visiblement, en neuf années d'exercice du métier d'infirmier, connu pas mal de régions et de services différents. Autant de pratiques diverses, peut-on supposer. Quel est votre sentiment par rapport aux Pyrénées-Orientales ? Une spécificité ? 

Personnellement, j'ai été confronté à quelque chose de nouveau pour moi : l'extrême diversité des cultures et donc des approches que l'on doit avoir à l'égard de la population. Chaque "groupe" a sa propre culture à laquelle il faut s'adapter. Cela a été une découverte et c'est très enrichissant. 

A lire aussi : Des infirmiers aptes à signer certains certificats de décès : une expérimentation qui démarre en Occitanie

À quoi va ressembler l'année 2024 pour les infirmiers du département selon vous ? Quels seront les chantiers de l'Ordre ? 

Nous aurons une priorité, elle part de la volonté du Conseil de l'Ordre : c'est d'accompagner au mieux les victimes de violences, d'agressivité, d'incivilités de toutes sortes. En France aujourd'hui, deux infirmiers sur trois ont déjà été victimes d'actes de violence. Nous avons noté une réelle poussée des actes de violence et des agressions, verbales ou physiques. Ma volonté, c'est de leur fournir un accompagnement complet. 

A lire aussi : Perpignan - "Il ne faut pas laisser passer ça" : agressé en marge de sa tournée de soins, un infirmier dénonce

Nous sommes en train de créer un partenariat avec France Victime

Et cela commence par la remontée d'informations...

Oui, la question, c'est comment un infirmier peut rapporter les faits ? Par la plateforme de signalement accessible sur le site de l'Ordre depuis un an. Ils remontent directement au président du département. J'ai des référents Violences, au sein de la Commission Violences du Conseil. Nous lisons et je rappelle chaque personne. Cela peut ne pas aller plus loin si elle ne le désire pas. Parfois, les victimes veulent juste "signaler un fait" et en rester là. Mais sinon, nous proposons une écoute, un accompagnement, au besoin un soutien psy. Nous sommes en train de créer un partenariat avec France Victime. L'association pourra proposer une vraie prise en charge, y compris administrative et juridique. L'infirmier pourra être accompagné dans son dépôt de plainte. Plainte à laquelle le Conseil de l'Ordre peut s'associer et se constituer partie civile bien sûr.  Afin de communiquer et débattre pour avancer sur ce sujet, nous organiserons en 2024 une journée thématique où tous les infirmiers seront invités. Cela devrait se passer au second semestre. 

Qu'ont donné les retours de cette plateforme de recueil des signalements au bout d'un an ? 

Les observations tirées de cette plateforme, c'est que nous avons en moyenne une dizaine de faits signalés tous les mois. 

Pour l'Aude et les Pyrénées-Orientales ? 

Oui, mais plus souvent dans les Pyrénées-Orientales. Nous avons fait remonter cela pour alerter le ministère. 

Quel genre de violences sont signalées ? 

Des insultes au domicile des patients, dans la rue, pour de simples problèmes de stationnement, mais aussi des coups, du harcèlement, au téléphone ou physique... Des violences verbales, physiques, sexuelles (moins souvent quand même) et des attaques sur les biens. Les causes en sont diverses : il peut s'agir de reproches liés à la prise en charge, de patients souffrant de troubles cognitifs, ou encore d'états d'ébriété, ou sous l'emprise de stupéfiants, et enfin, des reproches sur les délais d'attente. Pour nous, c'est LE gros dossier de 2024. 

Cet article est réservé aux abonnés
Accédez immédiatement à cet article
2 semaines offertes
Cet article est réservé aux abonnés
Accédez immédiatement
à cet article à partir de
2,49€/mois
Voir les commentaires
L'immobilier à Perpignan

53000 €

Quartier bas-vernet - dans résidence avec concierge - au 8ème étage - f1 bi[...]

118000 €

Mignon T2 avec terrasse, ascenseur et parking. À proximité de Porte d'Espag[...]

199500 €

Efficac'immo vous présente en exclusivité, Cette charmante villa 2 faces d'[...]

Toutes les annonces immobilières de Perpignan
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?

Les commentaires (12)
Lemeleze Il y a 3 mois Le 05/02/2024 à 14:06

La violence est toujours la mauvaise réponse
Pourtant force est de constater que les derniers faits divers qui ont défrayé la chronique mettaient helas en scene des infirmieres
Personne n'a oublié le procès récent, en Ariège, de M-J Montesinos , infirmière qualifiée de monstre dans la presse à l'origine d'actes de barbarie sur 2 malheureuses victimes, personne n'a oublié l'affaire Simone Cambou , infirmière, lot et Garonne, qui a tué , torturé , demembré puis brûlé son compagnon , ayant même exigé l'aide de son fils terrorisé
Et oui , il faut faire le ménage devant sa porte avant de le faire chez les autres !

Cpena Il y a 3 mois Le 06/02/2024 à 08:09

Les derniers faits divers hélas, concerne plutôt des actes de personnes maniant les couteaux avec dextérité. Pour 2 cas cités d'infirmières, combien de soignants tues ou blessés dans l'exercice de leur fonction ?

Colettedu11 Il y a 3 mois Le 05/02/2024 à 10:37

Et la violence des soignants sur les pauvres patients en ehpad ?
On en parle quand ?
Ce que subissent nos Anciens aux mains des soignants et autres infirmiers est invraisemblable : violences , dénigrement, mépris, humiliations et même parfois violences physiques
Les patients souffrent
Et leur souffrance est inacceptable Car ils sont de surcroît vulnérables
Pauvres proies faciles à maltraiter , hélas !

Gigihihi Il y a 3 mois Le 05/02/2024 à 11:40

Je confirme....hélas !! La maltraitance et surtout l'ignorance et le mépris des personnes âgées dans les Ehpad est insupportable.

Manou 718 Il y a 3 mois Le 05/02/2024 à 22:08

Sil ya des violences en Ehpad il faudrait que les personnes âgées n'y soient pas . Les enfants devraient trouver une solution pour ceux qui les ont mis au monde , supporté et élevé .Le personnel d'ehpad n'a pas vocation à s'occuper des "vieux " ils font ça parce qu'ils ne savent pas faire autre chose ? Niveau scolaire même pas le BEPC . Autrefois on gardait à ma maison les anciens , moi j'ai vu mes grands parents rester chez eux , les 4 enfants s'occupaient 1 mois chacun de leurs parents sans problème . Mais c'était une époque ...

Villageoispaisible Il y a 3 mois Le 05/02/2024 à 10:25

'' j'ai été confronté à l'extrême diversité des cultures ''
'' chaque groupe a sa propre culture ''
Mais qu'est ce que c'est que discours ?
Nous sommes un département français avec les lois françaises, la réglementation française, nous ne sommes pas un '' groupe '' culturel différent !
Quel mépris pour nous !
Tout juste si on ne nous voit pas comme des '' peuplades '' avec leurs propres coutumes , c'est choquant , c'est méprisant pour nous tous